Le web de Dominique Guebey – Les belles lettres

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Tui Mamaki, Offrande poétique

Un rêve

Sais-tu qu’au fond du ciel il y a la mer ?
Et là, portée par la houle du monde, l’écume de ton désir
Blancheur miellée en bouquet de tilleul frémissant,
Flottent, légères, rieuses, trois bulles de la bouche d’un enfant…
Je meurs mon ange, je meurs lentement comme la lueur de la lune qui pâlit
Parmi ces étendues de gris qui m’éventrent, gris du béton, gris du journal
Qui m’annonce la mort violente d’une innocence.
Il est vieux ton journal, ma belle… Oui, mais je ne l’avais pas lu !
Belle bouge rugit et tourbillonne écarlate, danse pour ne plus rien savoir -
On s’en fout qu’au fin fond du ciel le désir s’écouleras dans ce noir qui brille tant.
Les rêves s’infiltrent et tu les respires endormie
Ils remplissent tes poumons de feuilles mortes, douces, fines et translucides
Et si le ventre du chant du monde ne s’ouvre pas - tu étoufferas
Mais l’entends-tu, tout petit toi qui ôse écouter ?
Oui - je l’entends sur mes propres lèvres.
Alors, tu danses, danses et les fils de ta jupe
Saigne une trace en cavale derrière toi
Ils s’accrochent dans les ronces de la faim
Se défilent dans les portes de la tristesse
S’enroulent sur les clôtures de l’amertume
Et tissent un manteau écarlate pour la brume de l’oubli.
Ah – nuit fraiche, ôte moi mes bottes de rages dechirées
Doux filet de bruine contre ma peau cicatrise la nuit de ses étoiles trop brûlantes
Tandis que l’aube étale son tapis transparent d’espérance
La fille folle danse si lentement que l’on dirait un arbre
En silence elle danse, merveilleuse et éphémère.