Le web de Dominique Guebey – Les belles lettres

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D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Troisieme dialogue)

S-A : Ce sceptre de Vénus, que tu vois sous les yeux, Eugénie, est le premier agent des plaisirs en amour : on le nomme membre par excellence ; il n’est pas une seule partie du corps humain dans lequel il ne s’introduise. Toujours docile aux passions de celui qui le meut, tantôt il se niche là (elle touche le con d’Eugénie) : c’est sa route ordinaire… la plus usitée, mais non pas la plus agréable ; recherchant un temple plus mystérieux, c’est souvent ici (elle écarte ses fesses et montre le trou de son cul) que le libertin cherche à jouir : nous reviendrons sur cette jouissance, la plus délicieuse de toutes ; la bouche, le sein, les aisselles lui présentent souvent encore des autels où brûle son encens ; et quel que soit enfin celui de tous les endroits qu’il préfère, on le voit, après s’être agité quelques instants, lancer une liqueur blanche et visqueuse dont l’écoulement plonge l’homme dans un délire assez vif pour lui procurer les plaisirs les plus doux qu’il puisse espérer de sa vie.

Eu : Oh ! Que je voudrais voir couler cette liqueur!

S-A : Cela se pourrait par la simple vibration de ma main : vois, comme il s’irrite à mesure que je le secoue ! Ces mouvements se nomment pollution et, en terme de libertinage, cette action s’appelle branler.

Eu : Oh ! Ma chère amie, laisse-moi branler ce beau membre.

D : Je n’y tiens pas ! Laissons-la faire, madame : cette ingénuité me fait horriblement bander.

S-A : Je m’oppose à cette effervescence. Dolmancé, soyez sage ; l’écoulement de cette semence, en diminuant l’activité de vos esprits animaux, ralentirait la chaleur de vos dissertations.

Eu, maniant les testicules de Dolmancé : Oh ! Que je suis fâchée, ma bonne amie, de la résistance que tu mets à mes désirs !… Et ces boules, quel est leur usage, et comment les nomme-t-on ?

S-A : Le mot technique est couilles… testicules est celui de l’art. Ces boules renferment le réservoir de cette semence prolifique dont je viens de te parler, et dont l’éjaculation dans la matrice de la femme produit l’espèce humaine ; mais nous appuierons peu sur ces détails, Eugénie, plus dépendants de la médecine que du libertinage. Une jolie fille ne doit s’occuper que de foutre et jamais d’engendrer. Nous glisserons sur tout ce qui tient au plat mécanisme de la population, pour nous attacher uniquement aux voluptés libertines dont l’esprit n’est nullement populateur.

Eu : Mais, ma chère amie, lorsque ce membre énorme, qui peut à peine tenir dans ma main, pénètre, ainsi que tu m’assure que cela se peut, dans un trou aussi petit que celui de ton derrière, cela doit bien faire une grande douleur à la femme.