Le web de Dominique Guebey – Les belles lettres

Page : http://www.dg77.net/pages/sade/ph402.htm


   D o m i n i q u e   G u e b e y    J u n g l e      Les belles lettres

D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Quatrième dialogue)

S-A : Ah ! Je me meurs, chevalier!… Il m’est impossible de m’accoutumer aux délicieuses secousses de ton beau vit !…

D : Sacredieu ! Que ce cul charmant me donne de plaisir!… Ah ! Foutre ! Foutre ! Déchargeons tous les quatre à la fois !… Doubledieu ! Je me meurs ! J’expire !… Ah ! De ma vie je ne déchargeai plus voluptueusement ! As-tu perdu ton sperme, chevalier ?

Ch : Vois ce con, comme il en est barbouillé.

D : Ah ! Mon ami, que n’en ai-je autant dans le cul!

S-A : Reposons-nous, je me meurs.

D, baisant Eugénie : Cette charmante fille m’a foutu comme un dieu.

Eu : En vérité j’y ai ressenti du plaisir.

D : Tous les excès en donnent quand on est libertine, et ce qu’une femme a de mieux à faire, est de les multiplier au-delà même du possible.

S-A : J’ai placé cinq cents louis chez un notaire pour l’individu quelconque qui m’apprendra une passion que je ne connaisse pas, et qui puisse plonger mes sens dans une volupté dont je n’aie pas encore joui.

D : (Ici les interlocuteurs, rajustés, ne s’occupent plus que de causer.) Cette idée est bizarre et je la saisirai, mais je doute, madame, que cette envie singulière, après laquelle vous courez, ressemble aux minces plaisirs que vous venez de goûter.

S-A : Comment donc?

D : C’est qu’en honneur, je ne connais rien de si fastidieux que la jouissance du con, et quand une fois, comme vous, madame, on a goûté le plaisir du cul, je ne conçois pas comment on revient aux autres.

S-A : Ce sont de vieilles habitudes. Quand on pense comme moi, on veut être foutue partout et, quelle que soit la partie qu’un engin perfore, on est heureuse quand on l’y sent. Je suis pourtant bien de votre avis, et j’atteste ici à toutes les femmes voluptueuses que le plaisir qu’elles éprouveront à foutre en cul surpassera toujours de beaucoup celui qu’elles éprouveront à le faire en con. Qu’elles s’en rapportent sur cela à la femme de l’Europe qui l’a le plus fait de l’une et de l’autre manière : je leur certifie qu’il n’y a pas la moindre comparaison, et qu’elles reviendront bien difficilement au devant quand elles auront fait l’expérience du derrière.

Ch : Je ne pense pas tout à fait de même. Je me prête à tout ce qu’on veut, mais, par goût, je n’aime vraiment dans les femmes que l’autel qu’indiqua la nature pour leur rendre hommage.