D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Troisieme dialogue)
S-A : Assurément, quoiqu’il soit néanmoins prouvé que ce fœtus ne doive son existence qu’au foutre de l’homme ; élancé seul, sans mélange avec celui de la femme, il ne réussirait cependant pas ; mais celui que nous fournissons ne fait qu’élaborer ; il ne crée point, il aide à la création, sans en être la cause. Plusieurs naturalistes modernes prétendent même qu’il est inutile ; d’où les moralistes, toujours guidés par la découverte de ceux-ci, ont conclu, avec assez de vraisemblance, qu’en ce cas l’enfant formé du sang du père ne devait de tendresse qu’à lui. Cette assertion n’est point sans apparence, et, quoique femme, je ne m’aviserais pas de la combattre.
Eu : Je trouve dans mon cœur la preuve de ce que tu me dis, ma bonne, car j’aime mon père à la folie, et je sens que je déteste ma mère.
D : Cette prédilection n’a rien d’étonnant : j’ai pensé tout de même ; je ne suis pas encore consolé de la mort de mon père, et lorsque je perdis ma mère, je fis un feu de joie… Je la détestais cordialement. Adoptez sans crainte ces mêmes sentiments, Eugénie : ils sont dans la nature. Uniquement formés du sang de nos pères, nous ne devons absolument rien à nos mères ; elles n’ont fait d’ailleurs que se prêter dans l’acte, au lieu que le père l’a sollicité ; le père a donc voulu notre naissance, pendant que la mère n’a fait qu’y consentir. Quelle différence pour les sentiments !
S-A : Mille raisons de plus sont en ta faveur, Eugénie. S’il est une mère au monde qui doive être détestée, c’est assurément la tienne ! Acariâtre, superstitieuse, dévote, grondeuse… et d’une pruderie révoltante, je gagerais que cette bégueule n’a pas fait un faux pas dans sa vie… Ah ! Ma chère, que je déteste les femmes vertueuses !… Mais nous y reviendrons.
D : Ne serait-il pas nécessaire, à présent, qu’Eugénie, dirigée par moi, apprît à rendre ce que vous venez de lui prêter, et qu’elle vous branlât sous mes yeux?
S-A : J’y consens, je le crois même utile, et sans doute que, pendant l’opération, vous voulez aussi voir mon cul, Dolmancé?
D : Pouvez-vous douter, madame, du plaisir avec lequel je lui rendrais mes plus doux hommages ?
S-A, lui présentant les fesses : Eh bien, me trouvez-vous comme il faut ainsi ?
D : A merveille ! Je puis vous rendre, de cette manière, les mêmes services dont Eugénie s’est si bien trouvée. Placez-vous, à présent, petite folle, la tête bien entre les jambes de votre amie, et rendez-lui, avec votre jolie langue, les mêmes soins que vous venez d’en obtenir. Comment donc ! Mais, par l’attitude, je pourrai posséder vos deux culs, je manierai délicieusement celui d’Eugénie, en suçant celui de sa belle amie. Là… bien… Voyez comme nous sommes ensemble.