Longues focales (ou « téléobjectifs »)
Sommaire
Terminologie
A rebours des courtes focales dites aussi objectifs grand angle, les longues focales se distinguent par leur champ étroit, qui cerne une portion réduite de ce que l’œil humain perçoit. Par longue focale on désignera un objectif dont l’angle de champ est de 30° ou moins — alors qu’un grand-angle sera une optique dont le champ dépasse les 60°.
En français courant le mot téléobjectif est devenu le terme générique pour désigner les optiques de longue focale. Mais en toute rigueur opticienne, il désigne une sous-catégorie particulière, caractérisée par sa longueur réduite.
Un modèle d’objectif de longue focale stricto sensu dérive de la vieille lunette d’observation à deux lentilles collées (plus un oculaire) : son foyer se trouve à une distance du plan image qui est simplement égale à la focale ; en pratique, la longueur d’un tel 400 mm sera de 40 cm ou un peu plus1. Avec une vraie formule téléobjectif, la longueur de l’ensemble peut être sensiblement inférieure. C’est ainsi que le Zuiko AUTO-T 300mm f/4.5 ne mesurait que 181 mm.
Ce résultat est obtenu par la combinaison d’un groupe convergent et d’un autre divergent. Le prototype du téléobjectif est le dispositif de Peter Barlow (13/10/1776 - 1/3/1862), bien connu des astronomes. Barlow avait imaginé vers 1834 d’utiliser une lentille négative comme système grossissant à l’arrière des télescopes2.
Avec une formule de type téléobjectifs, on peut réaliser des objectifs lumineux et d’utilisation plus pratique.
Particularités et limites
A priori, une longue focale permet d’atteindre plus facilement une meilleure correction, car on ne prend que la partie centrale de l’image par rapport aux formules optiques standards. Mais cette catégorie a ses contraintes :
- Sensibilité à l’aberration chromatique [*]. Diverses méthodes sont utilisées pour améliorer le chromatisme. Depuis longtemps sont produits des téléobjectifs comportant une lentille en fluorine (CaF2 – fluorite en anglais). Les verres à faible dispersion sont aujourd’hui largement utilisés. Récemment (2015) on a vu Nikon inclure une lentille de Fresnel dans son nouveau 300 mm pour 24x36 mm (300mm f/4E PF ED VR, où PF = Phase Fresnel).
- Les « téléobjectifs » ont une plus grande sensibilité à la diffraction, qui dégrade l’image au fur et à mesure que l’on ferme le diaphragme [*]. Pour obtenir des résultats de haute qualité, un téléobjectif doit non seulement être excellent, mais aussi de préférence être utilisé à la plus grande ouverture possible. La contrepartie en sera une profondeur de champ très réduite [*] ; ce qui peut être intéressant d’un point de vue esthétique, mais rend la prise-de-vue plus difficile sur des sujets en mouvements.
Les effets accentués de l’aberration chromatique et de la diffraction s’expliquent par le fait qu’on est en présence d’objectifs en quelque sorte grossissants. Mais il faut encore tenir compte d’autres contraintes :
- Sur le terrain, les vibrations nuisent particulièrement à la netteté des images fournies par une longue focale. Pour limiter leur effet, il convient d’utiliser un temps de pose le plus bref possible, ce qui oblige à ouvrir le diaphragme : là encore, un téléobjectif lumineux est un must.
- En dehors des difficultés de conception, il existe des limites pratiques. L’augmentation de l’ouverture a pour conséquence un accroissement très rapide de l’encombrement et du poids. Parallèlement, les verres spéciaux très couteux utilisés dans des lentilles forcément plus grandes, font des super-téléobjectifs des objets ruineux.
En définitive, un grand téléobjectif impose la prise de vue sur trépied solide.
Anciennes longues focales
Thomas Rudolphus Dallmeyer (1859-1906, fils de John Henri Dallmeyer 1830-1883) fabriqua dès 1891 des téléobjectifs (en anglais telephoto) qui furent longtemps parmi les chevaux de bataille de cette firme. Leur luminosité était faible : f/9.
Les Busch BisTelar de 1905 par K. Martin eurent suffisament de succès pour être encore trouvables un siècle plus tard. Avec leurs 4 éléments en 2 groupes, ils ouvraient à f/7 pour des focales de 7, 10, 12 et 14 pouces (178 à 356 mm). Ce n’étaient pas de très longues focales : angle de champ 30°. Il furent rapidement suivis par la concurrence : Telestigmat de Bausch & Lomb, Telegor (Goerz), Telikon (Zeiss), Telomar (Voigtländer) etc.
Dans la section sur les triplets ci-dessus, on a déjà cité les longues focales (1931) de A. Sonnefeld, dont un 2000 mm ouvert à rien moins que f/5,0.
Semi télés
L’expression semi-télé est ici utilisé par analogie avec les grands-angles semi-retrofocus, qui sont proches des téléobjectifs inversés sans en être vraiment. En effet, à côté des vrais téléobjectifs, il existe une catégorie intermédiaire où le groupe divergent est plus en avant, un groupe convergent ou légèrement divergent étant placé à l’arrière. Nombre de courts téléobjectifs de 85 à 135 mm voire plus comprennent ainsi une ou deux lentilles intermédiaires très épaisses.
On reconnait dans ces objectifs des variantes de triplets : ce n’est pas par hasard si Zeiss a baptisé Sonnar un certain nombre de ses longues focales, comme l’ancien 135 mm f/4.0. Une imitation connue de ce dernier fut le Jupiter 11 135 mm f/4,0 (4 él./3 gr.), produit en un grand nombre d’exemplaires (approximativement de 1950 à 1976). Les hasselbladistes connaissent le Sonnar 250 mm f/5,6, équivalent en moyen format (6x6) du 135 mm pour petit format. Citons encore le 250 mm, mais pour 24x36 et f/4,0 (4 él./3 gr.) Nikkor-Q (1954 – avec viseur reflex à l’instar des caméras ciné).
Ernostar
L’Ernostar est le précurseur du Sonnar (cf supra in : les triplets). Dans sa formulation simple à quatre lentilles séparées, il a suffi à produire des longues focales assez attrayantes, comme les Zeiss pour Contarex (ouverts à 2,8) Sonnar 135 et 180 mm (et aussi le 4/250). Avec l’ouverture contenue à f/4,0 on obtient de brillants « courts télés » comme les Elmar-C et M-Rokkor de 90mm f/4.0.
Mise-au point interne
La mise-au point interne (IF=internal focusing) est très souvent utilisée sur les téléobjectifs. Elle permet, par le mouvement d’un groupe limité d’éléments à l’intérieur de l’objectif, de faire le point sans déplacer l’ensemble du bloc optique ce qui a plusieurs avantages :
- Pas de perte sensible de luminosité à mesure que la distance diminue, contrairement au système normal (où l’on augmente la distance entre optique et plan image).
- L’étanchéité de l’ensemble est plus facile à assurer.
- La mise au point automatique (autofocus) peut être sensiblement plus rapide, puisqu’on ne déplace qu’un groupe et non pas l’ensemble du bloc optique.
Inconvénient : un objectif à mise-au-point interne fonctionne comme un zoom à très faible variation de focale. Dès lors, les formules classiques de calcul du rapport de reproduction en fonction du tirage ou de la distance ne sont pas applicables.
Quelques références en 24x36
En « petit format » pour commencer, par angle de champ décroissant (i.e. en ordre croissant de focale) :
20-23° / 100-105 mm
- Il y avait eu vers 1981 le Nikkor 105mm f/1.8 AI-S, très bon (du moins sur pellicule argentique) dès la pleine ouverture avec simplement cinq lentilles séparées.
- Les progrès de l’imagerie numérique et des autofocus, devenus non pas tant
plus précis qu’ultra-rapides, ont ravivé
l’intérêt pour les longues focales fixes
à très grande ouverture. Les fabricants n’hésitent
pas à passer aux f/1,4, mais avec des formulations optiques autrement plus complexes.
- AF-S Nikkor 105 mm f/1,4E ED (2016), Mise au point autofocus, 14 lentilles en 9 groupes, près d'un kilogramme.
- SIGMA 105 MM F/1,4 ART DG HSM (2018). Mise au point autofocus, 17 lentilles en 12 groupes. Collier de trépied, 1685g.
- ZEISS Otus 1.4/100 (2019), mise au point manuelle, pour Canon (EF) et Nikon (ZF.2). 14 éléments en 11 groupes. 1,4 kg.
18° / 135 mm
- Topcon 13.5cm f2.0 R.Topcor pour reflex Topcon ou Exakta : Très ambitieux, sans doute trop à sa sortie en 1957, la carrière de cet ultra-lumineux fut beaucoup plus brève que celle du fameux 300/2,8. Peu homogène et souffrant d’un sévère vignettage [*], doté de verres spéciaux affectés d’un jaunissement précoce assez caractéristique de l’époque, ce 135 Topcor appartient à la famille des « objectifs de la dernière chance », souhaités par quelques reporters en nombre insuffisant pour en garantir la survie commerciale.
- Soligor a produit un 135/2.0 fourni en différentes montures (dont Minolta MD). Des 135 f/1,8 circulent sous différents labels (Vivitar, Mitake, Porst, Sigmatel, Soligor, Spiratone, Tomioka…). Ils utilisent des montures variées, dont celle vissante de 42 mm, intéressante puisqu’il existe des bagues d’adaptation pour quasi toutes les baïonnettes connues. Ces engins sont plus attractifs par ce côté pratique et leur prix que par leur qualité optique.
- Vivitar eut à son catalogue un Professional 135mm f/1.5 à monture T ; censé produit à seulement 30 exemplaires en 1967. Dist. mini. 1,65 m, 2,170 kg avec pare-soleil, collier de trépied et bouchon arrière. 100x155 mm, diaphragme 1,5-22 à 16 lamelles. Filtre 95 mm.
- On notera que le monstrueux (2,7 kg) Noritar 135 T/1.4 (8 lentilles en 6 groupes) est conçu pour le 6x6 : c’est en fait un « équivalent 80 mm » surdimensionné. Utilisé sur film 35 mm, il ne faudra pas s’étonner si la définition déçoit quelque-peu : il n’est pas calculé pour le petit format.
- Si Zeiss et Pentax offrent ou ont offert des ouvertures de f/1,8, l’ancien (mai 1980) Canon FD 135 mm f/2,0 guère moins lumineux reste, par sa qualité, une référence dans la focale.
-
De 2006, on trouve le Zeiss Sonnar 135mm f/1,8 pour reflex Sony
(utilisant la même monture que les anciens Minolta AF – alias Konica).
11 éléments en 8 groupes. Angle de champ : 18° en
« full frame » (i.e. 24x36), 12° sur boîtier APS-C
(« équivalent 24x36 » : 202,5 mm). MAP minimale
72cm (excellent : rapport de reproduction 0,25), filtre 77 mm, Dimensions :
88mm x 115mm, poids : 992g. A toutes ses qualités on peut même lui
ajouter un tarif un peu moins scandaleux qu’à l’accoutumé.
Les excellents 135mm ultra-lumineux récents constituent de tentantes
alternatives aux 180-200 d’ouverture équivalente, extrêmement
onéreux (et affreusement encombrants).
-
Paru en 2013, adaptable sur les reflex Canon et Nikon, le Zeiss 135mm f/2 APO Sonnar
(11 éléments en 8 groupes) fait l’objet de louanges
venues de tous côtés. Il faut néanmoins accepter
l’absence d’autofocus.
- Mitakon Zhongyi Speedmaster 135mm f/1.4. Annoncé fin 2015 en montures 24x36 Canon, Nikon et Sony FE. 11 éléments en 5 groupes ; distance minimale 1,60 m. ; filtres 105 mm, ce qui est en rapport avec une optique pesant 3 kg. Apparu et même utilisé par quelques-uns fin 2018. Produit pour plusieurs montures, de Canon EF à Leica T. Entretemps, ce 135mm est passé sous l’égide de la firme Medium One Optical.
12° / 180-200 mm
-
Contax Carl Zeiss 1:2.8 f=18cm Olympia Sonnar : calculé
par Bertele en 1933-1934, cet objectif parut en 1936, inauguré (comme son nom l’indique)
aux J.O. de Berlin – où il se trouvait (comme chacun sait…)
entre les mains de la fameuse Leni Riefenstahl (22/8/1902 - 8/9/2003).
Pour la photo de sport,
un télé à f/2,8 était d’autant plus
une bénédiction que les photographes du moment
ne bénéficiaient pas d’émulsions aussi sensibles
que de nos jours. Sa production démarra lentement mais,
avec quelques recalculs (1940, 1949…), ce 180 mm connut une longue carrière,
en monture Contax (rarissime) jusqu’en 1951 (?)
avec ou sans son Flektoskop de visée
reflex3,
ou plus récemment
pour reflex Exakta et autres (monture à vis M42, P6 i.e. Pentacon…) apparemment jusqu’en 1975
par Carl Zeiss Jena.
Le Jupiter-6 soviétique
de 1958 en est une copie, fabriquée en monture M39 utilisable sur un appareil M42.
Cette version d’après-guerre couvre en fait le format 6x6,
je n’ai pas la démonstration que c’était déjà
le cas pour le modèle 1936.
-
Le NIKKOR-H 18 cm f/2.5 (1953) pour Nikon S télémétrique
était, comme le Zeiss précité, singulièrement
encombrant et malpratique avec sa chambre reflex additive.
En revanche c’était un type Planar.
- Plus utilisable fut le NIKKOR Auto 180 mm f/2.8 pour reflex, de type téléobjectif (5 éléments/5 groupes) inauguré en 1970 aux épreuves préolympiques de Sapporo et au catalogue Nikon dès l’année suivante. Compact, recevant rapidement des verres ED, un traîtement multi-couche en 1976, devenu AI Nikkor 180 mm f/2.8 en 1977, cet objectif fut de longue date un des favoris des nikonistes.
- Encore du Nikkor : le 200/2,0 ED IF apparu en 1977 inaugurait la mise-au-point interne et l’utilisation de verres ED (extra low dispersion). Un objectif très utile à certains mais au contraste faiblard. Le 200/2,0 AFS-VR (Vibration Reduction) de 2004 est un retour attendu autant qu’une évolution bienvenue. Une seconde version est sortie en 2010 : AF-S Nikkor 200mm 1:2 G II ED, entièrement revue avec verres ED et super ED, plus compacte et au traitement anti-reflets « nano cristal ».
- En novembre 1989 le 200 mm/1,8 Canon offrit des prestations sensationnelles.
- Olympus offrait aussi un Zuiko AUTO-T 180 mm f/2,0 ED-IF pour la très regrettée série des boîtiers OM. Selon Modern Photography, sa qualité rivalisait avec celle de bons objectifs f/2,8.
- Et que dire du CONTAX 200/2,0 Zeiss Tele-Aposonnar T* mm ?
- Néanmoins le Leica APO-Summicron-R 1:2.0/180 mm semble difficile à surpasser.
-
Arrêtons nous un moment sur le DEM 180 f/2,3 APO confectionné
par Angénieux de fin 1985 à (environ) 1990 : moderne
et sophistiqué, à l’inimitable revêtement de polycarbonate,
il était livrable en montures Nikon, Canon FD, Olympus OM, Leica R,
Minolta MD… On notera l’utilisation systématique de verres
spéciaux, dont le second élément en verre au fluor PK-52A
(dénomination Schott). Pas trop contrasté mais ultra-défini
(seul le moins lumineux 180/3,4 APO de Leica peut prétendre faire mieux)
et bien corrigé à toutes distances, notamment de l’aberration
de coma
[*],
grâce à un très léger déplacement
du second groupe qui s’ajoute à celui du dernier. Cet ultime raffinement
peut étonner, mais pour les techniciens d’Angénieux accoutumés
aux zooms extravagants de caméras TV institutionnelles et autres optiques
pour satellites espions, ce dut être presque une récréation.
-
Contemporain du précédent (sortie en 1986), le Tamron
SP 180/2.5 LD-IF (63B), ne saurait être négligé.
Ce modèle « 35e anniversaire » utilise la
très pratique monture amovible Adaptall 2. A l’instar de l’Angénieux,
c’est une optique bien corrigée mais au contraste sans excès.
La formule comporte 10 éléments en 8 groupes. Avec 124 mm de
long, 800g et une mise au point interne, c’est un télé
de reportage et portrait très maniable et de luminosité avantageuse.
Map : 1,20 m, filtres 77 mm.
10 ° / 250 mm
- Un intéressant 250/2,0 Olympus Zuiko (monture OM), fut introduit vers 1983. Spécifications : 12 éléments en 9 groupes, long. 246 mm, diam. 142 mm, poids 3900 g. Les OM ne sont plus fabriqués, mais Zuiko fournit maintenant des adaptateurs pour les boîtiers numériques au format 4/3 et micro 4/3, qui se trouvent ainsi dotés d’un parc virtuel de longues focales très étendu.
8 ° / 300 mm
-
Carl Zeiss Sonnar 300/4 Olympia :
paru en même temps (1936) que le
180/2,8 supra, cet objectif
connut lui aussi une longue carrière. Son
ouverture de f/4 était une avancée
d’autant plus sérieuse que sa
qualité optique et son rendu le plaçaient au-dessus de la concurrence.
- R Topcon 30cm/2.8 Topcor : le premier 300 mm f/2,8. Cinq éléments en 3 groupes, filtres à insertion par l’arrière, 412 mm / 3,3 kg. Produit de 1957 à 1977 ! Paru à l’époque des premiers reflex sans présélection du diaphragme (cette dernière commodité fut offerte à partir de 1963), souvent adapté aux boîtiers Nikon F et aussi caméras ciné (au point que les modèles d’origine à monture Exakta sont devenus introuvables). Sa qualité laissa pantois les experts de 1957. Un des premiers grands évènements où on put voir en action ce père de tous les télés de sport modernes furent les J.O. de Rome (1960) ; quatre ans plus tard, il fut « objectif officiel » de ceux de Tokyo. En 1978, quand je participais aux Championnats d’Europe d’athlétisme à Prague, on pouvait encore en voir de tout neufs, mais Canon et Nikon avaient instauré leur suprématie depuis un moment.
- NIKKOR-H 300 mm f/2.8 (1972) : produit à un peu plus de cent exemplaires, apparu aux J.O. hivernaux de Sapporo en 1972, il n’offrait pas l’automatisme du diaphragme ; mais les reporters l’utilisant presqu’exclusivement à pleine ouverture, cela ne les gênait pas spécialement. Pour ceux qui tenaient à le fermer, ce diaphragme manuel avait l’avantage d’avoir un grand nombre de lamelles, et donc un orifice bien circulaire, très préférable contre la diffraction et pour la douceur des flous. Contrairement aux suivants, ce télé de sport n’utilisait pas de verre ED maison, non encore disponible, mais des verres fournis par Schott.
- Le Canon FL 300mm f/2,8 S.S.C. fluorite (février 1974 – 6 éléments en 5 groupes, 2340g) et les versions suivantes allait devenir le « standard » de beaucoup de photographes de sport …et du paparazzo de base.
- 300 mm/2.0 : le 300 mm f/2,8 étant devenu quasi-banal, Nikkor y était allé fort en 1981 avec un colossal 300 mm f/2,0 de 7 kg, pour le prix d’une voiture moyenne…
- Sorti en 2005, le AF-S VR Nikkor 300mm f/2.8G IF-ED était le premier à recevoir le traitement Nano Crystal.
7 ° / 350 mm
Le 350/2,8 Olympus Zuiko complétait fort bien le 250 mm (ouverture 1:2.0) cité supra.
6-4 ° / 400-600 mm
- Leitz Telyt f=40cm 1:5, ref. TLCOO (TLOOB avec chambre Visoflex). Apparu en 1936, comme les Zeiss Olympia.
- Les 400 mm f/2,8 se trouvent au catalogue de la plupart des fabricants (Nikon, Canon, Pentax, Leica, Zeiss…). On en voit beaucoup autour des grandes manifestations sportives ; quand il ne s’agit pas de 600 mm f/4,0. Du côté des photographes animaliers, le 300 est un peu court et c’est plutôt le 400 qui fait leur ordinaire4. Les derniers gros télé utilisent un dispositif électronique de stabilisation d’image qui rend envisageable l’utilisation à main levée (sous-entendu : par un opérateur musclé). Cf le Canon EF 600 mm f/4,0 L IS USM.
- Sur l’impressionnant Sigma 200-500 ouvert f/2,8 (2008), voir quelques détails dans la section zooms [http://www.dg77.net/photo/tech/fastzoom.htm#sig200500].
2° : Canon FD / EF 1200mm 1:5.6
Jeux olympiques au Coliseum de Los Angeles, le 3 aout 1984. Au milieu des « banals » 400 ou 600, on distingue bien sur la photo le prototype du futur EF 1200 mm f/5,6L USM que Canon avait aligné en monture FD. Angle de champ : 1,45°/1,10°/2,05° ; 13 éléments en 10 groupes ; m.à p. mini… 14 m. Le site de Canon donne la table de profondeur de champ pour cet outil. A la pleine ouverture de f/5,6 cela donne :
A 14 m : 13,97 m – 14,03 m, soit 6 cm. A 20 m : 19,94 m – 20,06 m, soit 12 cm. A 30 m : 29,87 m – 30,13 m, soit 26 cm. A 50 m : 49,63 m – 50,37 m, soit 74 cm. A 100 m : 98,53 m – 101,52 m, soit 299 cm.
1,6° : LEICA APO-TELYT-R 1:5.6/1600mm
’ouverture de f/5,6 pour une focale de 1600mm suppose une lentille frontale de l’ordre de 30cm de diamètre. Le prototype de cet énorme téléobjectif (long. 120 cm, 155 avec pare-soleil, diam. 42 cm, 60 kg) est visible à Wetzlar. Ce serait le résultat d’une commande spéciale du qatariote Sheikh Saud ben Mohamed Al Thani. Cf petapixel.com [http://petapixel.com/2012/08/27/the-worlds-most-expensive-camera-lens/]
Longues focales pour moyen/grand format
Beaucoup d’appareils moyen-format utilisent des objectifs à obturateur central, et donc logés dans le bloc optique, ce qui limite considérablement la possibilité d’avoir une grande ouverture.
- Le Pentax 6x7 à obturateur plan-focal dispose d’une série de téléobjectifs d’ouverture plus qu’honorable : principalement les 600 et 800 mm f/4 (8,5° et 6,4°).
- 150 mm : il a existé un Astro-Berlin PAN TACHAR 150/1,8.
- 180-200 mm : Cf le rare Zoomar ouvert à 1:1.3 (cf le lien infra).
- 240-250mm/2.0 : Kilfit Zoomatar 240/1,2 de 1970 était destiné au format 6x9…
- Une mention spéciale pour le Zeiss Apo Sonnar STL T* 1700 mm/4,0 apparu en 2006. Baptisé « Al-’Adsah Al-Qawiyyah Al-Maqribah », cet engin de 256 kg couvre le format 6x6 (l’équivalent d’un 970 mm en 24x36). C’est le résultat de la commande d’un unique et fortuné client, amateur de photographie animalière. Voir un lien avec photos. [http://www.dpreview.com/news/0610/06100101zeiss1700f4.asp]
- Note : dans un fil qu’a suscité le précédent objectif dans un forum internet (theonlinephotographer.blogspot.com [http://theonlinephotographer.blogspot.com/2006/09/zeiss-super-tele.html] ), un participant indique avoir vu, 20 ans avant, un 500 mm Zeiss ouvert à f/2,0, conçu pour la géodésie dans les années 1950, pesant 80 kg.
Téléobjectifs à miroir
Les objectifs catadioptriques fonctionnent comme les télescopes astronomiques à miroir. Ils sont séduisants en théorie (faible encombrement, simplicité de la formule, bonne correction chromatique), mais leur réalisation est très difficile si on veut atteindre une vraiment bonne qualité d’image. Les tolérances de fabrication du miroir et de son ajustage devraient être pratiquement nulles, ce qui est évidemment impossible, et explique le nombre d’années de construction et le coût des grands télescopes astronomiques. Il faut aussi aux miroirs une argenture de très haute qualité pour réfléchir la lumière avec le minimum de pertes.
Des modèles extrêmes de cette catégorie sont présentés supra (cf Télescopes, Schmidt et Super-Schmidt).
Les images prises au télé à miroir se reconnaissent assez facilement par les zones floues où chaque point se transforme en un petit anneau.
- Canon a produit un 800 mm f/3,8 : cet objectif comporte une formule catadioptrique (i.e. à miroir) avec 3 éléments en 2 groupes. Conçu au départ pour les caméras TV, l’adaptation d’un boîtier reflex est prévue.
- Tout comme chez Nikkor, il existe aussi un Canon 2000 mm/11 de même type que le 800 précédent (5 éléments en 3 groupes), mais moins lourd (11 kg contre 15) ! L’angle de champ horizontal est de 1°, le vertical mesure 60’…
- Enfin, on peut trouver un 5200 (ou 5150) mm f/14 de (seulement, si l’on peut dire) 100 kg. Distance minimale : 120 mètres !
- Les ouvertures de ces Canon sont remarquables, car les 500 mm dits à miroir qu’on trouve dans les catalogues grand-public (pour des prix qu’il faut reconnaître plutôt abordables) sont annoncés à f/8 – annoncés : f=ouverture géométrique, l’ouverture t (photométrique) s’avère souvent inférieure et voisine de f/11.
- Le Carl Zeiss Jena 1000 mm : destiné aux Pentacon Six TL moyen-formats (et adaptable sur les Praktica 24x36), son poids de 14 kg est la contrepartie d’une conception destinée à associer une ouverture de f/5,6 à la couverture du format 6x6 (l’angle de champ correspond approximativement à celui d’un 570 mm en 24x36).
- En face du précédent, on doit citer les Mirotar Zeiss
(la firme d’Oberkochen d’après 1945, à distinguer
de celle de Jena) pour appareils Contax.
- 500 mm f/4,5 : 5 élément en 5 groupes, champ 4,9°, m.a.p. mini. 3,5 m, dim. 193 x 235 mm, 4kg500.
- 1000 mm f/5,6 : 5 élément en 5 groupes, champ 2,5°, m.a.p. mini. 3,5 m, dim. 250 x 420 mm, 16kg500.
Encore plus
Yeux d’aigle
Le nom de la société Perkin Elmer est lié au fameux télescope spatial Hubble dont la construction et la mise en œuvre (1979-1990 et plusieurs missions d’entretien ultérieures) souffrirent de nombreux problèmes de tous ordres. Du même fabricant le schéma ci-contre montre un télescope f/4,0 de 72 inches – 1829 mm f/4.0, muni d’un dispositif de correction des déplacements de l’image. Le type d’engin qu’embarquaient dès les années soixante les satellites militaires. Cf : Modern Photo mars 1964 p. 13. Conçu autour d’un type Petzval, ce téléobjectif était censé résoudre des détails de 7,5 cm à 15 km (3" à 50.000 ft).
On a fait des progrès depuis. ARGUS-IS est un système de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), dévoilé vers 2012. Basé sur un assemblage de 368 capteurs de 5Mpx, ce qui donne une colossale surface sensible de 1,8 giga-pixels. À 6000m, cette caméra vidéo haute précision serait capable d’embrasser 25 kilomètres carrés, tout en résolvant des détails de 15cm.
Reaper & Predator
Tout le monde a entendu parler des drones militaires, ces engins qui arpentent les nues dans certaines zones troubles de la planète. Avions téléguidés (parfois depuis un autre continent), on imagine facilement que les objectifs qui équipent leurs caméras sont à la pointe de la technique. Sans être un espion à l’affut des nouveautés tactiques, chacun a pu se rendre compte, au hasard des magazines, qu’il y a des télescopes à miroir accroché à l’avant de ces dangereux rôdeurs.
Notes
- 1. Les Novoflex bien connus appartiennent à la catégorie des longues focales. Ils offrent une solution rustique et légère aux photo-chasseurs qui rechignent avec quelques raisons à crapahuter dans les éboulis à la poursuite du bouquetin, tout en tenant d’une main un super-télé de sport qui pèse plusieurs kg et vaut le prix d’une petite automobile. Le revers de ces télés maniables, comme les Novoflex ou autres Leica Telyt, est qu’ils souffrent d’une ouverture limitée (f/5,6-f/6,8 pour des focales de 400 à 560 mm). La simplicité de leurs formules optiques (en principe 2 lentilles collées) autorise en contrepartie des images remarquablement contrastées.
- 2. Remarque : le téléobjectif ainsi décrit n’est pas à confondre avec le principe des télescopes à miroir, dans lesquels le trajet des rayons lumineux est renvoyé dans une autre direction – ce qui permet une longueur encore plus réduite.
- 3.
L’Olympia Sonnar d’avant-guerre pour Contax fut décliné en deux versions, cf les belles illustrations sur mir.com [http://www.mir.com.my/rb/photography/companies/nikon/nikkoresources/RF-Nikkor/Contax_RF/ContaxRF180mmf282.htm] :
- Version couplée au télémètre. Malgré l’excellence de la fabrication et la grande base du Contax, il est reconnu que l’utilisation à f/2,8 atteint les limites des possibilités du système.
- Version avec chambre reflex Flektoscop, offrant une image inversée, ce qui peut décevoir l’utilisateur qui en espérait un usage facilité.
- 4. Entre les deux catégories (si je puis dire) je me souviens avoir assisté à un Paddock Polo où le jeune correspondant du Progrès de Lyon était muni d’un Minolta 300/2.8 APO (probablement la seconde version G-HS car on était en 1992) monté sur son Dynax (alias Maxxum). L’année suivante, le pigiste rencontré à Annecy couvrait les championnats de France d’athlétisme avec son Minolta AF 400/4.5 APO G.